Hugo Fregonese |
Hugo
Fregonese : la Ballade d'un fataliste
Hugo Fregonese est l'une des figures les plus insaisissables de l'histoire du cinéma. Ses films, ardents et singuliers, brassent fatalité, mythes et violence crue, dans les canons esthétiques de la série B. Cette version enrichie de la rétrospective présentée à Bologne lors de la dernière édition d’Il Cinema Ritrovato rassemble des films réalisés dans cinq pays différents, dont des joyaux en version restaurée (L’Affaire de Buenos-Aires, Quand les tambours s’arrêteront) ou en copies 35 mm flambant neuves (Mardi ça saignera). Il est temps de faire entrer Fregonese, cinéaste errant et secret, dans la cours des grands.
Entouré de condamnés à mort comme lui, un prisonnier noir fredonne une chanson tout en battant la mesure : Black Tuesday. Les autres détenus, tels des lions en cages, font les cent pas au rythme de la musique. Un travelling passe de cellule en cellule, les barreaux dessinent des ombres dansantes sur les visages fiévreux. « Ferme-là, t’entends ? » s’exclame bientôt un prisonnier glacé par ce chant funèbre. Alors que son cri résonne dans les couloirs déserts de la prison, le titre du film emplit l’écran dans un grondement glaçant de musique symphonique. Ainsi commence Mardi ça saignera (1954), chef-d'œuvre resté invisible des décennies durant. C'est aussi l’instant où Hugo Fregonese, fataliste de génie, entre en scène.